Intégrer un cabinet de Conseil en stratégie et devenir consultant en stratégie est un véritable parcours du combattant. 1%, c’est le taux de sélectivité des cabinets entre le nombre de candidatures reçus chaque année et les places disponibles. À titre d’exemple, Clarisse Magnin, Directrice de McKinsey France, a déclaré dans un podcast d’Alexandre Mars que McKinsey France avait reçu en 2022, 12 000 candidatures, parmi lesquelles seulement 120 candidats ont pu intégrer le cabinet. Ces candidats n’avaient pas seulement le bon parcours académique, les bonnes expériences professionnelles et associatives mais ils avaient aussi réussi avec brio un des processus de recrutement les plus difficiles et sélectifs, là où les autres ont échoué. De la préparation à l’offre d’embauche, les candidats passent par de nombreuses épreuves pour intégrer un cabinet de Conseil en stratégie : screening, tests en ligne, entretiens.
Pour mettre toutes les chances de votre côté et vous permettre de faire partie de ces 1%, notre article reprend les éléments essentiels à connaître pour intégrer un cabinet de Conseil en stratégie.
Les prérequis pour intégrer un cabinet de Conseil en stratégie
Être étudiant dans un Top 4 d’écoles de commerce ou d’ingénieurs
Le premier prérequis pour intégrer un cabinet de Conseil en stratégie est le parcours académique, ce sera la première chose regardée sur votre CV. Les cabinets recrutent dans des écoles cibles qui regroupent historiquement le Top 5 des écoles de commerce et d’ingénieurs, et dans une moindre mesure Sciences Po Paris et l’Université Paris Dauphine. Lesdites écoles cibles se divisent en deux catégories, celles de Rang A et celles de Rang B. Statistiquement, 81% des consultants chez McKinsey, BCG et Bain proviennent d’une école de Rang A.
- Rang A : HEC, ESSEC, ESCP, Polytechnique, Les Ponts, Les Mines, Centrale Paris
- Rang B : Sciences Po Paris, EM Lyon, EDHEC, Dauphine
En plus de l’école dans laquelle vous étudiez, les cabinets de Conseil en stratégie portent une grande attention à votre voie d’admission. Ainsi, les étudiants de classes préparatoires pour les écoles de commerce et ingénieurs seront privilégiés, viendra ensuite les étudiants Admis Sur Titre (AST), d’abord ceux issus d’une prestigieuse université étrangère, puis ceux issus des meilleures universités françaises.
Expériences professionnelles et associatives : ce qui plaît aux cabinets de Conseil en stratégie
Pour intégrer un cabinet de Conseil en stratégie, vous devez avoir réalisé au moins un ou deux stages de six mois. Pour les expériences professionnelles, les cabinets valorisent particulièrement des stages exigeants, sélectifs, avec un volume de travail conséquent et des responsabilités importantes. Comme pour les écoles, il est possible de classer les expériences professionnelles par ordre d’importance aux yeux des cabinets de Conseil en stratégie. Dans 90% des cas, les consultants en poste ont une expérience professionnelle, stage ou CDI, dans une de ses trois catégories :
- Catégorie A : Conseil en stratégie, M&A, Private Equity
- Catégorie B : Direction stratégique d’une entreprise, start-up
- Catégorie C : Conseil en management, Audit
Les cabinets apprécient également les candidats avec des expériences associatives puisqu’elles permettent de développer des responsabilités importantes et de démontrer un engagement en dehors des cours. Les J-E sont très valorisées parce qu’elles ont l’avantage de fonctionner comme un cabinet avec des missions auprès des entreprises. Mais toutes les associations sont aussi intéressantes que vous y soyez président, trésorier, responsable des partenariats, de la communication ou du développement. Enfin, pour les meilleurs cabinets de Conseil en stratégie, comme les MBB, Roland Berger et Oliver Wyman, avoir une expérience internationale est indispensable pour intégrer le processus de recrutement.
Toutes ces expériences sont valorisées parce qu’elles témoignent de certaines compétences et qualités développées par le consultant qui sont recherchées par les cabinets de Conseil en stratégie. Au-delà des connaissances techniques, les cabinets recherchent des candidats capables de résoudre des problèmes rapidement, en faisant preuve de rigueur, de structure et de capacités analytiques fortes. Les meilleurs profils ont aussi une très bonne communication écrite et orale.
Parcours atypiques : ces profils qui intègrent aussi des cabinets de Conseil en stratégie
Malgré un taux de sélectivité de 1% et la réputation d’avoir un recrutement assez fermé, les cabinets de Conseil en stratégie recrutent parfois des candidats avec des parcours atypiques. La diversité des profils est une source de richesse importante pour les cabinets et ils essaient de s’ouvrir peu à peu à des candidats, notamment ceux avec :
- Des double-diplômes : faire un double cursus avec une école cible ou une école reconnue dans un secteur particulier vous permettra de vous différencier par rapport à d’autres candidats
- Une expérience internationale très significative : double nationalité, stages à l’étranger, parcours académique dans des universités prestigieuses à l’étranger, maîtrise d’une langue rare
- Une expertise sur un sujet : une expertise technique sur une thématique ou un secteur en particulier
- Une expérience entrepreneuriale : les entrepreneurs font face à plusieurs problématiques business, ont beaucoup de responsabilités et savent travailler sous pression
Ainsi, les cabinets de Conseil en stratégie demandent des prérequis importants et très exigeants qui vous permettront potentiellement de passer le screening, porte d’entrée des processus de recrutement.
Lire aussi : Tout savoir sur le métier de consultant en stratégie : missions, carrières, salaires
Passer le screening : faire partie des 25% des candidats au 1er tour des cabinets de Conseil en stratégie
Le screening est l’étape de sélection des candidats qui vont intégrer le processus de recrutement des cabinets de Conseil en stratégie. Il se fait sur 2 éléments : le CV et la lettre de motivation. Mais un troisième élément, souvent sous-estimé des candidats, joue son importance pour passer le screening, il s’agit du networking.
Le networking : une étape sous-estimée des candidats aux cabinets de Conseil en stratégie
Exemples d’évènements organisés par Oliver Wyman, Bain et le BCG
Le networking est un moment important du processus de candidature pour intégrer un cabinet de Conseil en stratégie. L’objectif du networking est double. D’abord, vous renseigner sur le cabinet pour mieux connaître ses missions, ses spécificités, son positionnement concurrentiel et son organisation interne. Cela vous permettra de nourrir vos motivations, de citer des consultants dans votre lettre de motivation et de personnaliser votre réponse à la question « Pourquoi nous rejoindre ? ». Vous pourrez également obtenir des informations à jour sur le processus de recrutement. Le deuxième objectif est de se faire coopter dans le cabinet où vous postulez. Plus le consultant qui vous recommande est sénior, plus la recommandation aura du poids. Cette pratique est valable dans tous les cabinets de Conseil en stratégie, même ceux qui annoncent ne pas fonctionner par cooptation. Pour le networking vous avez différents canaux que vous devez absolument utiliser : votre réseau proche, votre réseau d’école, LinkedIn et les évènements de recrutement des cabinets.
Les meilleurs CV et lettres de motivation pour intégrer un cabinet de Conseil en stratégie
Le premier élément regardé par les cabinets de Conseil en stratégie sera votre CV. La rédaction du CV est une étape qui doit être réalisée en amont de votre préparation. Pas de surprise, le CV pour intégrer un cabinet de Conseil en stratégie doit être clair, précis et sobre. Il y a des règles de base sur la forme à absolument respecter : pas de photo, pas de typo (faute de frappe, erreurs d’orthographes), pas de double espace. Vous devez le rédiger en anglais pour faire preuve de maîtrise de la langue et sa structure doit être la suivante : formation, expériences professionnelles, expériences associatives, compétences et centres d’intérêts. Le style graphique de votre CV doit être le même du début à la fin. Les noms de vos écoles et vos diplômes, ainsi que ceux de vos entreprises et vos fonctions doivent être alignés à gauche et écrits en gras idéalement. Les dates et les lieux de chaque expérience doivent être alignés à droite. Enfin, mettez trois à quatre bullet points pour chaque expérience en présentant ce que vous avez fait, en illustrant vos missions et en donnant les résultats obtenus. Mettez des chiffres dès que vous le pouvez, les relecteurs de CV dans les cabinets de Conseil en stratégie l’apprécient tout particulièrement.
Le second élément de votre candidature sera la lettre de motivation. Elle reste encore aujourd’hui majoritairement demandée par les cabinets de Conseil en stratégie, bien qu’elle ne soit pas toujours lue. Elle doit être claire et personnalisée. La structure classique est de la rédiger en trois paragraphes dont l’ordre peut être interchangeable. Vous pouvez commencer par (1) un paragraphe qui explique vos motivations à postuler en cabinet de Conseil en stratégie et en particulier dans ce cabinet. Ensuite, vous pouvez enchaîner en expliquant que ces motivations sont le fruit (2) de vos expériences académiques et (3) de vos expériences professionnelles. La partie sur le cabinet est la plus importante, elle ne doit pas être générique et doit vous permettre de vous différencier des autres candidats. Dès le début, il vous est recommandé de citer un ou plusieurs consultants du cabinet avec qui vous avez échangé. Enfin, aussi bien pour le CV que pour la lettre de motivation, faites-vous relire par différentes personnes plusieurs fois pour avoir une version parfaite, tant sur le fond que sur la forme.
Réussir les tests en ligne : le nouveau piège des cabinets de Conseil en stratégie
Les tests en ligne sont une épreuve historiquement proposée seulement par McKinsey, BCG et Bain mais présents désormais dans la majorité des cabinets de Conseil en stratégie : Roland Berger, Kearney, Advancy, LEK, EY-Parthenon, Monitor Deloitte, etc. Dépendant des cabinets, les tests en ligne sont réalisés avant ou après l’étape du screening pour réduire aux meilleurs candidats l’accès aux entretiens. En général, vous aurez 1 à 2 semaines maximum pour les réaliser après le retour des RH. Les tests prennent la forme de jeux ou de QCM qui permettent de vous tester sur vos compétences calculatoires, votre sens logique, votre sens business ou encore votre niveau d’anglais. Renseignez-vous sur les tests en ligne en amont de vos processus de recrutement, au moment de votre networking. Ensuite, entraînez-vous régulièrement, même si cela ne doit pas représenter plus de 5 à 10% du temps alloué à votre préparation. Vous pouvez travailler sur des exercices de type GMAT, la plateforme Graduate First ou utiliser les tests gratuits des organismes utilisés par les cabinets de Conseil en stratégie pour faire passer les tests, comme SHL par exemple. Enfin, pour les tests les plus complexes ou qui prennent la forme d’un jeu, vous pouvez éventuellement trouver des vidéos explicatives sur YouTube.
Réussir les entretiens : l’épreuve la plus difficile des cabinets de Conseil en stratégie
En moyenne, seulement 25% des candidats passent le screening et sont invités à passer des entretiens. Les entretiens des cabinets de Conseil en stratégie classiques se déroulent en trois parties : 15 minutes de fit, 40 minutes d’études de cas et 5 minutes de Q&A.
La partie fit, la base à réussir et le plus important pour décrocher une offre
La partie fit des entretiens joue un rôle décisif dans les processus de recrutement des cabinets de Conseil en stratégie, permettant aux recruteurs de répondre à trois questions fondamentales :
- Est-ce que cette personne est faite pour le conseil ?
- Est-ce que cette personne est faite pour mon cabinet ?
- Et enfin, est-ce que j’ai envie de travailler avec cette personne ?
L'une des approches les plus efficaces pour se préparer à la partie fit consiste à élaborer une chronologie détaillée de votre vie. Cette chronique personnelle doit inclure des éléments tels que votre parcours académique, vos expériences d'échange, vos stages, et même des aspects personnels tels que le sport, les activités associatives, le bénévolat, et vos passions. Pour chaque période, il est essentiel de réfléchir à plusieurs aspects :
- Ce que vous avez fait
- Les motivations qui vous ont conduit à prendre ces décisions
- Les expériences marquantes, mettant en avant des anecdotes fortes et des défis relevés.
- Ce que chaque expérience vous a apporté, tant sur le plan personnel (développement de qualités et compétences) que sur le plan humain (rencontres et intelligence sociale)
Ensuite préparez les questions classiques notamment celles qui reviennent toujours au début des entretiens de fit des cabinets de Conseil en stratégie : présentez-vous (le pitch), pourquoi le Conseil en stratégie, pourquoi ce cabinet en particulier. Le fit est souvent le plus important pour obtenir une offre dans un cabinet de Conseil en stratégie, à condition que vous ayez réussi votre étude de cas.
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L’épreuve la plus redoutée des candidats en cabinet de Conseil en stratégie : l’étude de cas
L’étude de cas évalue la capacité des candidats à résoudre des problèmes complexes et consiste généralement en la résolution d'un problème déjà traité par l’interviewer sur une de ses missions. D’abord vous devez apprendre et personnaliser vos frameworks de résolution des cas. Il est recommandé de s'inspirer des frameworks existants, mais la clé du succès réside dans la capacité à les personnaliser en fonction du contexte spécifique de chaque cas. Ensuite, vous devez vous entraîner en binôme, à 3 ou 4 étudiants maximum. L’idée est de monter en compétence rapidement avec les bonnes personnes pour ensuite potentiellement faire des cas avec d’autres personnes. Quelques recommandations supplémentaires :
- Cadence de cas : il est conseillé de faire entre 4 à 5 cas par semaine, dont au moins un en anglais
- Timing pour postuler : postuler quand vous êtes prêts, généralement à partir de 20-30 cas, sans oublier que vous continuez à pratiquer pendant les entretiens réels
- Équilibre pendant la période d'entretien : durant la période d'entretien, la quantité de cas pratiqués doit être modérée pour ne pas saturer
Pendant vos entraînements, il est recommandé d’avoir une gestion minutieuse et un suivi quotidien de vos études de cas.
- Suivi des cas : créez un tableau de suivi avec des informations clés telles que le nom du cas, le partenaire de pratique, le type de cas, les retours du "buddy" (partenaire de pratique), vos propres impressions, et les points à travailler
- Fiches de cas : créez des fiches de cas résumant les aspects importants, les leviers pour réduire les coûts, les solutions innovantes, etc.
En résumé, la réussite dans l'épreuve d'étude de cas pour intégrer un cabinet Conseil en stratégie repose sur la maîtrise des frameworks, une préparation structurée et la gestion judicieuse du temps. En suivant ces conseils, vous serez mieux préparé à affronter les défis que présente cette phase cruciale du processus de recrutement.
La phase de Q&A : laisser la meilleure dernière impression
Dernière phase de l’entretien, la partie Q&A n’est pas là plus importante mais elle permet de laisser une dernière bonne impression. C'est l'occasion de montrer sa curiosité envers l’interviewer et de réitérer ses motivations à rejoindre spécifiquement ce cabinet de Conseil en stratégie.
Avant l'entretien, vous aurez normalement le nom de l’interviewer en avance, si ce n’est pas le cas demandez le aux RH. Ainsi, prenez le temps de regarder le parcours du consultant qui vous reçoit et de réfléchir à des questions que vous pouvez lui poser. Prenez également des notes pendant la présentation de l’interviewer en début d’entretien pour éventuellement revenir sur certains points, cela démontre votre capacité d’écoute. Évidemment, certaines questions peuvent venir d’une discussion que vous avez eu à un moment de l’entretien mais il ne faut absolument pas faire l’erreur, par exemple, de rediscuter de l’étude de cas. Enfin, n’hésitez pas à rebondir sur les réponses données par votre interviewer pour créer un véritable échange pendant l’entretien.
Voici quelques exemples de questions que vous pouvez poser à la fin d'un entretien :
- Quels sont les changements actuels dans votre cabinet qui vous excitent particulièrement ?
- J’ai vu dans votre parcours que vous avez travaillé chez Microsoft, en quoi cette expérience vous sert aujourd’hui dans un cabinet de Conseil en stratégie ?
- Quel conseil donneriez-vous à un nouveau consultant qui va commencer dans votre cabinet ?
En quelques mots, les secrets pour intégrer un cabinet de Conseil en stratégie
Intégrer un cabinet de Conseil en stratégie est un défi majeur, avec un taux de sélectivité de seulement 1%. Le processus rigoureux commence par des prérequis académiques stricts et une forte valorisation des expériences professionnelles et associatives. Malgré cette sélectivité, les profils atypiques sont parfois recrutés, soulignant la valeur de la diversité. Passer le screening nécessite une attention particulière au networking, et à la préparation minutieuse du CV et de la lettre de motivation. La maîtrise des entretiens est une étape cruciale. En somme, l'intégration dans ces prestigieux cabinets de Conseil en stratégie demande persévérance, préparation, et la capacité à se démarquer dans un processus très concurrentiel.
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